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Les premières machines-outils
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Après ces débuts héroïques, nous arrivons à l’époque d’après-guerre, la période 1918-1924. L’entreprise SIP a diversifié tous azimuts en fabriquant des équipements frigorifiques et des compteurs électriques. Paradoxalement, cet effort de diversification constitue une source d’ennuis. Confrontée à la concurrence de grandes sociétés de gabarit international structurées pour la production de masse, la SIP voit ses affaires péricliter. Malgré une augmentation importante du capital social, la conversion des anciennes actions puis la contraction auprès de banques d’un emprunt au taux usuraire de 10%, les années se suivent et hélas se ressemblent, avec des bilans constamment négatifs et une dette qui enfle. En 1924 le capital social est drastiquement réduit. C’est alors que Fernand Turretini (fils du fondateur) prend la décision qui sauvera l’entreprise: c’est la mise au point de la «machine à pointer», qui établira au près et au loin la réputation de l’entreprise genevoise, dans le domaine de la machine-outil de haute précision. |
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La première «machine à pointer»Il s’agit assez curieusement de la première machine au monde capable de percer des trous précis dans des pièces, en partant de coordonnées cartésiennes, avec une reproductibilité dimensionnelle suffisante pour les distances d’entre-axes, afin que lesdites pièces soient interchangeables, ce qui assez bizarrement ne se trouvait alors pas sur le marché des machines-outils de l’époque. Grâce à cette machine appelée «machine à percer, aléser et pointer», il est donc désormais possible de percer des alésages à des distances d’entre-axes si précises dans des pièces mécaniques en séries, qu’il est désormais possible d’assembler ces dernières les unes dans les autres sans aucune opération manuelle ultérieure de retouche ou d’ajustage. En d’autres termes, les rendre interchangeables: une révolution mondiale dans le monde de la mécanique, en particulier dans le secteur de l’horlogerie. La machine à pointer était en quelque sorte une perceuse-aléseuse de haute précision, munie d’une «table en croix» (sur laquelle était bridée la pièce à usiner) et d’une tête pourvue d’une broche verticale montée sur fourreau coulissant, portant l’outil, ce dernier étant fixé dans un attachement à cône «Morse». Les axes de déplacement (longitudinal, transversal et vertical) étaient actionnés par des volants à main dotés de tambours gradués à verniers micrométriques. Les premières machines opérationnelles sortent dès 1921. D’abord une version assez rustique, le modèle MP-4. Les premiers clients sont la manufacture anglaise d’armes Enfield et Brown Boveri à Baden. C’est également le début de l’exportation vers les USA avec, en 1924 une commande de 18 machines de Ford à Detroit, une affaire d’ailleurs traitée dans des conditions particulièrement rocambolesques, mais qui requinque les finances jusqu’alors précaires de la société. Diversification en 1937 avec l’apparition d’une machine à rectifier les filetages. Les modèles de machines à pointer eux, évoluent et se perfectionnent. L’industrie horlogère en est friande, de même que les fabriques de machines, notamment pour la fabrication de gabarits de perçage-alésage ou pour l’usinage en finition de pièces de haute précision comportant de nombreux alésages.
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Au service de l’industrie suisse
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Aléas récents...La fin du 20e siècle et le début du 21e sont marqués par l’évolution de la conception «machines à pointer» vers celle des «centres d’usinage» (fraiseuses-aléseuses) à broche verticale ou horizontale, à savoir des machines plus robustes et rigides, ne se limitant pas seulement à l’usinage de finition, mais également à l’usinage ébauche à grand taux d’enlèvement de matière, donc pratiquant l’usinage complet des pièces, et pas seulement la dernière touche. Les machines sont dès lors conçues de façon plus rigide et dotées de moteurs de broche porte-outil plus puissants, à entraînement direct. Puis viennent le développement et la fabrication de machines à mesurer les filets et, plus récemment, des machines de mesure tridimensionnelle (MMT). Ces années sont malheureusement marquées par une série noire d’aventures financières hasardeuses ayant abouti à divers aléas, l’entreprise tournant finalement au ralenti, avant un troisième et ultime dépôt de bilan intervenu en automne 2005. ... et résurrectionLe 15 février 2006, la société est reprise en l’état par le constructeur de machines-outils germano-suisse Starrag-Heckert. Le patron du groupe, Frank Brinken, convaincu de la valeur technique intacte des produits SIP et du savoir-faire universellement reconnu de l’entreprise, s’engage sans réserve pour le projet. L’affaire est assainie avec un solide apport de fond. Un directeur général est engagé: Jean-Daniel Isoz, ingénieur. Les activités reprennent dans les locaux spacieux et bien équipés de Meyrin-Satigny, incluant une halle de montage moderne climatisée, édifiée sur une dalle spéciale posée sur amortisseurs de vibrations. Deux lignes d’assemblageDeux lignes d’assemblage sont aménagées: l’une pour les centres d’usinage SIP-5000/7000, une autre pour le montage des sous-ensembles de machines. Les pièces constitutives sont essentiellement usinées dans les ateliers mécaniques de Starrag à Rorschacherberg, dans la canton de Saint-Gall, où se trouvent l’usine Starrag («La Rigide») et le siège social du groupe Starrag-Heckert. Une équipe s’occupe du développement. «Nous avons repris l’ancien symbole SIP, reconnu dans le monde entier dans son graphisme original et nous avons transformé l’appellation SIPSociété genevoise d’instruments de Physique en Société d’Instruments de Précision S.A. avec siège social à Genève», déclare le PDG du groupe Frank Brinken, lors de l’annonce publique de la reprise. |
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