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Entretien avec un industriel du 3e millénaire
Usinage Formule 1
Les lecteurs de la revue MSM – Le Mensuel de l’Industrie ont eu il y a quelques années l’occasion de faire connaissance avec le constructeur de machines Pibomulti/Emissa et son dynamique PDG, Pierre Boschi. Dans cette publication, nous verrons que les événements et annonces de nouveaux produits étonnants deviennent monnaie courante au Locle. |
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Le patrimoine mondial de l’Unesco, les amoureux et l’industrie Un épais et lugubre manteau de brouillard recouvre uniformément le plateau suisse durant cette douce journée d’automne 2008. Aussitôt franchi l’interminable tunnel routier de la Vue des Alpes, le soleil est éclatant et la petite ville du Locle lézarde au tempo de l’été indien alors les arbres aux feuillage d’or commencent à se dépouiller. Un stupide sondage germanique (issu de Bilanz) avait récemment attribué la dernière place de son classement des villes suisses à cette petite cité, pourtant nominée en compagnie de sa soeur La Chaux-de-Fonds au patrimoine mondial de l’Unesco pour son ensemble urbanistique et culturel voué à l’horlogerie. En outre, la ville du Locle est détentrice du «Label 2008 de l’Energie»... et même pour un temps, du 13 au 15 février 2008, elle a eu le mérite notoire de s’être autoproclamée «Capitale mondiale des amoureux» à l’occasion de la Saint-Valentin. Les habitants du Locle sont aussi champions... dans le registre de l’autodérision. Dans tous les cas, le tissu industriel de la cité s’est vigoureusement reconstitué après la crise des années 90, avec pour preuve l’évolution des activités liées à l’horlogerie, aux microtechniques et à l’outillage de précision, ce qui est le cas de Dixi Group, pour prendre un autre fleuron de l’industrie locale. Et la machine-outil n’est pas en reste, preuve en étant la fabrique de machines Pibomulti/Emissa, qui s’est constamment accrue et développée sur son site implanté en zone industrielle à l’est du Locle.
Championnat mondial de Formule 1 – Version usinage! A une aune certes plus modeste, mais tout aussi significative, un trophée a été décerné au début 2008, non pas à la ville du Locle, mais à Pibomulti, pour une prestation exceptionnelle dans le domaine de la Formule 1, par la société italienne Brembo, équipementier automobile italien pour les voitures de haut de gamme et les véhicules de compétition et grand tourisme. Pibomulti/Emissa, a donc été honorée au début de 2008 par la remise de la Distinction Brembo-Ferrari (signée Kimi Raikonen et Felipe Massa) décernée pour la haute qualité d’usinage d’étriers de freins équipant les bolides Formule 1 de Ferrari. Il faut préciser que ces éléments précis et difficiles à fabriquer, ont été entièrement usinés avec des machines et accessoires Emissa/Pibomulti. En l’occurrence l’usinage de deux alésages borgnes complexes en disposition miroir (destinés à recevoir les pistons hydrauliques du système de freinage agissant sur des disques de freins en composite à fibres de carbone), réalisés à l’intérieur de la fourche d’un étrier de frein monobloc en titane. Une opération d’usinage pratiquement irréalisable sans l’utilisation d’une machine d’usinage Emissa (un modèle WinFlex Pal Duetto 300) équipée de têtes revolver et de têtes spéciales Pibomulti, réalisant les deux alésages opposés, en un seul serrage: le prototype même de la mission impossible!
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«Le prix d’un seul jeu de ces freins de compétition est équivalent à celui d’une voiture automobile familiale de moyen de gamme», précise Pierre Boschi avec un sourire. D’ailleurs, Brembo est un inconditionnel: 16 machines Emissa sont en exploitation chez cet équipementier lombard et des livraisons régulières de 4 à 5 machines par an sont agendées jusqu’à fin 2010. |
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Pas uniquement la Formule 1 Evidemment, dans le domaine de l’équipement automobile, l’implication des machines Pibomulti/Emissa ne se limite pas uniquement à la fabrication d’étriers de freins en aluminium ou en titane. En effet, des culasses et autres pièces de moteurs d’automobile sont également usinées par d’autres clients non moins prestigieux, ce qui est par exemple le cas pour des culasses destinées à équiper des moteurs de voitures de luxe Porsche-Cayenne. Pour cette application, c’est une grande machine Emissa modèle WinFlex 600, outillée comme Goldorack, qui a fait l’affaire. La productivité est, là encore, multipliée par l’action des têtes multibroches Pibomulti. Cinq autres machines Emissa ont été vendues chez Mecachrome à Tours, pour l’usinage de culasses et carters pour moteurs de haut de gamme, en particulier des modèles préparés pour les 24 Heures du Mans. Ceci nous ramène aux accessoires de broche. Accessoires est un mot faible pour désigner en fait des équipements complexes et de haute précision, par exemple des têtes d’usinage multibroches, destinés à augmenter substantiellement la rentabilité des machines-outils: il faudrait plutôt dire des «machines». Preuve en étant des têtes revolver pesant 4 tonnes, également à destination de l’industrie automobile ou encore des têtes angulaires de 2 mètres de hauteur, équipant d’imposants systèmes d’usinage dans un chantier naval coréen. A l’autre extrémité de l’échelle des grandeurs, nous trouvons des machines transferts et des accessoires de broche de précision destinés à l’horlogerie, pour l’usinage de ponts et de platines ou autres pièces similaires. De plus en plus de machines sont munies de broches à haute fréquence pour l’usinage UGV, certaines tournant jusqu’à 50'000 t/min. Une nouveauté qui fut la coqueluche du récent salon Prodex à Bâle: un système d’usinage à haute productivité appelé Winflex Duetto 300, incorporant une unité Triax 300 et un équipement de broche ingénieux. Cette machine réalise en mode tandem et en seulement 17,5 secondes, l’usinage d’une pièce comportant 45 opérations (perçages, filetages, alésages sur 4 côtés, tronçonnage), obtenue à partir d’une barre profilée en alliage léger.
La productivité en marche «La productivité en marche». C’est le slogan de l’entreprise locloise. Elle implique aussi la résolution quasi permanente de la quadrature du cercle: «Nous sommes connus un peu partout pour résoudre des problèmes de moutons à cinq pattes», résume Pierre Boschi. Par exemple l’usinage de 4 alésages de 550 mm de longueur (soit en tout 2,2 mètres de longueur de perçage) et 24 fraisages dans des blocs-moteurs, et ceci en moins de 3 minutes: il a fallu développer une unité de forage et fraisage spécifique. Face à la concurrence, seules la haute précision et la rentabilité comptent. En outre les délais de livraison se raccourcissent, ce qui rend indispensable la conception modulaire des équipements. C’est à cet effet que, par exemple, diverses réalisations d’usinage complètes appelées Win Flex, sont basées sur une gamme de trois grandeurs d’unités à coulisses 3 axes: les modèles Triax 100 (X-Y-Z 120, 130, 150 mm), Triax 300 (X-Y-Z 320, 320, 350 mm) et Triax 600 (X-Y-Z 700, 700, 620 mm). Viennent évidemment s’ajouter toutes les possibilités des innombrables accessoires de broche (têtes multibroches, têtes d’équerre et angulaires, multiplicateurs et systèmes de bridage et de palettisation). Ces réalisations peuvent comporter également un quatrième axe (axe B). |
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La valeur du capital humain Pibomulti/Emissa conçoit et réalise entièrement ses développements et possède à cet effet une équipe d’ingénieurs et techniciens de recherche et développement constamment à l’affût des besoins du marché en matière de machines-outils de production, un atelier de fabrication dotée de machines-outils CNC des dernières générations et un atelier de montage où sont assemblés et testés machines et prototypes. C’est aussi une entreprise formatrice et ceci de deux façons: d’abord les apprentis polymécaniciens et électroniciens et ensuite des techniciens qui acquièrent une solide post-formation aux spécificités des métiers de la machine-outil, qu’il s’agisse d’opérateurs sur machines, de monteurs-ajusteurs ou de spécialistes du service après-vente. D’ailleurs la plupart des collaborateurs sont polyvalents. La renommée de l’entreprise est essentiellement redevable au savoir-faire et à l’expérience de ces professionnels, qui doivent également faire preuve de souplesse et de motivation à l’ouvrage. «La conscience professionnelle de nos collaborateurs nous est enviée», assure Pierre Boschi qui ajoute: «Mais c’est parfois un peu dur aujourd’hui de se faire cueillir des collaborateurs bien formés par des entreprises extérieures qui ne sont pas formatrices». C’est le revers de la médaille. Coordonnées : Pibomulti S.A. – Emissa S.A.
Paru dans l'édition 12/2008 du MSM Mensuel de l'industrie sous le titre «L'usinage gagnant».
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