Titre

Avant-propos
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9

Les interviews
Liens
Auteur

Evolution de l’industrie de la machine-outil en Suisse romande

[Première partie]

La plupart des constructeurs de machines-outils de Suisse se sont implantés au début du 20e siècle, pour répondre alors à un urgent besoin local en équipements de précision, essentiellement destinés à la production en série de composants pour l’industrie horlogère. C’est en effet au début de ce siècle que des fabricants suisses de machines-outils ont de la sorte commencé de se profiler, d’abord dans le cadre du marché suisse, puis de plus en plus sur la scène mondiale, pour la production de pièces mécaniques de précision.

Physionomie traditionnelle de la «décolleteuse à poupée mobile commandée par cames, avec sa bascule et ses chariots porte-outils disposés «en étoile».

«Terreaux» fertiles

Les «terreaux» de prédilection des constructeurs de machines de Suisse romande ont été conditionnés essentiellement par la pré-existence d’une industrie horlogère prospère. Donc forcément là où elle était fortement présente: au Jura, dans les hauts du canton de Neuchâtel (Le Locle et La Chaux-de-Fonds par exemple), à la Vallée de Joux, à Bienne et à Genève.

L’industrie de la machine-outil a pour origines la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et les USA. Ce n’est que relativement tardivement (fin du 19e siècle, mais surtout au début du 20e siècle) qu’elle s’implante en Suisse romande, et comme précisé dans l’en-tête de ce paragraphe, essentiellement sous l’impulsion d’une industrie horlogère alors en pleine expansion, passant du stade artisanal à celui de la production industrielle.

Fait assez remarquable, ces entreprises, dans leur grande majorité, réussissent à «tenir le coup» durant les périodes difficiles marquées par le chômage, entre 1929 et 1940. Mais il faut aussi préciser qu’à partir de la fin des années 1930 et même durant la Seconde Guerre mondiale, l’industrie des pièces d’armement et de la munition (par exemple les composants de fusées d’obus – mécanismes apparentés à l’horlogerie) a carrément explosé. Beaucoup de petits industriels de l’Arc jurassien font rapidement fortune durant cette brève période (et parfois la dilapident tout aussi vite), vendant leur production aux futurs belligérants, lesquels sont très axés sur les quantités et les délais de livraison, mais sont moins regardants en ce qui concerne les prix. Certaines «mauvaises langues» estiment d’ailleurs que les bombardements méticuleux de certaines gares de triage suisses par les Alliés, intervenus vers la fin de la Seconde Guerre mondiale et aussitôt suivis de peu convaincantes excuses officielles, ont été le résultat de «bavures organisées», des concentrations de wagons pleins de pièces de précision à destination de l’Allemagne (pas spécialement conçues pour la fabrication de jouets), étant expressément visées.

Une première vague

C’est ainsi qu’à Moutier naît l’industrie du tour automatique à poupée mobile, à savoir des machines fabriquées par trois constructeurs concurrents. A Moutier toujours, un autre constructeur de machines, auparavant actif dans la fabrication d’étampes et de matériel d’armement, se met à construire des perceuses d’établi, des perceuses sur socle, des perceuses-aléseuses verticales, des tours à charioter et des fraiseuses à console. Deux autres entreprises, l’une produisant des perceuses et des fraiseuses, l’autre des aléseuses-pointeuses, démarrent également leurs activités au Locle, la deuxième citée étant confrontée à un concurrent implanté à Genève. A Tavannes on trouve un constructeur de tours automatiques multibroches verticaux (pour la fabrication de composants de boîtes de montres et de pièces d’appareillage et d’armement) et de tours à poupée mobile pour pièces de forme longue (évidemment prédestinés entre autre à la production de pièces d’armement). Une fabrique de fraiseuses s’établit à Bienne. A Bévilard, une autre réalise des tours et des fraiseuses. A la Chaux-de-Fonds, un constructeur produit des rectifieuses cylindriques, alors qu’à Genève, une entreprise construit des machines d’usinage par électro-érosion. Le dense tissu industriel de l’Arc jurassien est désormais en place: non seulement l’horlogerie avec ses branches annexes (décolletage, fabrication de roues et pignons, découpage, ébauches et finition) et les machines-outils, mais aussi les constructeurs d’outils, d’accessoires de machines et d’appareils de mesure dimensionnelle. En relation avec ces développements, diverses sociétés industrielles réalisant la sous-traitance, voient également le jour.

Assez curieusement, les spécialités industrielles sont réparties par secteurs géographiques relativement circonscrits: le décolletage est essentiellement concentré à Court et à Moutier, alors que la fabrication de pignons et de roues d’horlogerie se trouve plutôt à Malleray et à Bévilard. Les manufactures horlogères sont implantées essentiellement dans la Vallée de la Suze, à Moutier, à Tavannes, à Reconvilier, dans la Vallée de Joux, dans les Montagnes neuchâteloises et à Tramelan, ainsi qu’à Genève et à Bienne; la pendulerie à Moutier, dans la Béroche neuchâteloise et au Locle; les mouvements à musique plutôt à Sainte-Croix et alentours, alors qu’on trouve les constructeurs de machines-outils dans la Vallée de la Birse (Moutier, Bévilard, Tavannes), à Bienne, à Genève et dans les Montagnes neuchâteloises. Les fabricants de boîtes de montres sont concentrés dans la Vallée de la Sorne et à Bienne, alors qu’on voit s’implanter des ateliers de polissage et de pierristes en Ajoie et aux Franches-Montagnes.

SUITE ...

Tour Bechler AS-4 (vers 1950): un modèle légendaire, vendu à des milliers d’exemplaires dans le monde entier.

Machine d’usinage transfert actuelle à commande CNC modèle MTR (Precitrame).

Titre | Avant-propos | Introduction | Chapitre 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | Les interviews | Liens | Auteur | Hébergement



Publicité

Document Word à télécharger en français et en allemand.