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Entretien avec un industriel du 3e millénaire

>>  Dès 2003, nous avons réactivé les opérations au niveau de l’innovation, en lançant de nouveaux produits sur le marché.

 

Raymond Stauffer

 

Photographie : Guy Perrenoud
«La Boîte à Images», 2500 Bienne 3

 

Le nouveau visage du décolletage

 

En 2004, Tornos était en voie de convalescence, après les événements de 2002. L’an auparavant, en 2003, le constructeur suisse de tours automatiques avait annoncé le lancement d’un audacieux «business plan» visant à replacer le groupe industriel prévôtois sur les rails du succès. SIAMS 2008: la rédaction s’est rendue auprès de M. Raymond Stauffer, directeur général de Tornos, au terme de cette échéance quinquennale.

Résumé drastiquement, ce plan de développement avait pour but d’arriver à un chiffre d’affaires de 300 millions de francs avec une profitabilité retrouvée et un endettement raisonnable. Cinq ans après, mission accomplie et objectifs même dépassés, avec en prime l’effacement de la dette.

Coté en bourse depuis 2001, le groupe Tornos (Tornos Holding) vient de signer récemment un accord de coopération avec le constructeur de machines japonais Tsugami et a repris l’entreprise Almac S.A. à La Chaux-de-Fonds. Cette alliance stratégique, jointe à la reprise du fabricant chaux-de-fonnier de petits centres d’usinage, vient encore arrondir le champ d’action de Tornos, d’une part pour faciliter la pénétration de marchés nouveaux et d’autre part, pour augmenter l’offre de capabilité dans le secteur de l’usinage tridimensionnel.

1er cas
Lorsque le financement n’est pas au rendez-vous

2e cas
Lorsque la technique n’évolue pas

3e cas
Lorsque la technique et le financement sont au rendez-vous

Les trois fondateurs:
Petermann, Bechler et Mégel

A la barre de l’entreprise depuis fin 2002, M. Raymond Stauffer décrit la nouvelle allure d’une épopée industrielle qui fut par le passé fertile en rebondissements.

Pouvez-vous retracer les développements récents intervenus chez Tornos durant ces cinq dernières années?

Raymond Stauffer :  L’année 2003 a été placée sous le signe de la reprise. En effet, le groupe était quasiment en faillite technique en 2002. Il a fallu remettre le navire sur les flots, Les deux années suivantes, soit 2004 et 2005 ont été consacrées à la concrétisation des opérations, notamment au niveau de l’innovation en se fixant des objectifs clairs et en développant des gammes cohérentes de nouveaux produits susceptibles de séduire et conquérir le marché. En même temps, la société se restructurait du double point de vue administratif et financier.

           

Scène d’usinage sur tour automatique multibroches Tornos MultiDeco 20-86.

En 2002, le Crédit Suisse et Doughty Hanson avait recapitalisé la compagnie en prenant une participation majoritaire de 52%, les 48% restants étant cotés en bourse. En 2005, ces 52% ont également été placés en bourse et à cette occasion, 10% du capital ont été repris par des membres du conseil de direction. En fin de processus donc, 90% des actions étaient cotées en bourse et 10% en possession du management.

 

Sur le plan technique, donc en ce qui concerne la gamme de produits, quelles sont les évolutions récentes?

R. Stauffer :  Dès 2003, nous avons réactivé les opérations au niveau de l’innovation, en lançant de nouveaux produits sur le marché. Nous avions déjà les gammes Deco (monobroches) et MultiDeco (multibroches) qui avaient donné le signal de la reprise. Actuellement et depuis quelque temps, nous sommes en train de développer et mettre successivement sur le marché des familles de systèmes de production, basées essentiellement sur le niveau de complexité des pièces à usiner. Le but pour l’horizon 2012 est donc de proposer une offre cohérente en termes de capabilité, aussi bien pour les machines monobroches que pour les machines multibroches. C’est ainsi que pour ces deux familles de machines, nous aurons désormais des versions appelées Alpha, Sigma et Delta: Alpha pour les pièces très complexes, Sigma pour les pièces moyennement complexes et Delta pour les pièces plus simples, et également des versions Micro pour l’usinage ultraprécis sur tour automatique monobroche. Avec évidemment en outre désormais l’offre Almac pour tout ce qui est de l’usinage tridimensionnel. Plus encore que par le passé, nous nous concentrons sur notre «core business».

 

Pouvez-vous nous préciser l’étendue de l’accord de coopération récemment conclu avec le constructeur japonais Tsugami et les avantages que peuvent en retirer le deux parties?

R. Stauffer :  Il s’agit d’un accord-cadre qui concerne aussi bien une collaboration au niveau du développement des produits qu’à celui de la vente. A plus long terme, cet accord s’étendra aux réseaux de distribution, avec une collaboration aux activités de recherche et développement dans une phase ultérieure.

 

Je vous poserai la même question en ce qui concerne la reprise d’Almac!

R. Stauffer :  Almac constitue un complément idéal à notre programme de vente, surtout lorsque des clients désirent équiper leur atelier de machines pour fabriquer l’ensemble de leur production, donc aussi bien les pièces de forme générale cylindrique que tridimensionnelle. Sur les tours automatiques, il est certes possible de produire des pièces complexes entièrement usinées, pour autant qu’elles soient réalisées à partir de matière semi-ouvrée en barres, ces dernières étant généralement alimentées par des ravitailleurs de barres automatiques. Avec les petits centres de fraisage, usinage et gravage d’Almac, nous pouvons en plus offrir toute la gamme de l’usinage tridimensionnel pour la fabrication de pièces précises et complexes de petites dimensions, ce qui est le cas par exemple pour de nombreux composants d’horlogerie, de lunetterie ou d’équipement médical. De la sorte, le client peut s’approvisionner à une seule et unique source pour entièrement équiper son atelier de production. Alors qu’Almac était jusqu’à présent confinée à des applications essentiellement locales ressortant des secteurs de l’horlogerie et de la lunetterie, le réseau mondial Tornos ouvrira pour ce genre de machines des marchés nouveaux aussi bien en termes d’applications que géographiquement.

Dans la nouvelle halle de montage de Tornos.

Quelles sont les perspectives de développement du groupe Tornos à l’échelle mondiale, notamment à en ce qui concerne l’évolution des gammes de produits?

R. Stauffer :  J’ai évoqué les évolutions récentes et la structuration des gammes de produits. Actuellement pour parvenir à l’objectif 2012, il reste encore la gamme Alpha qui est à compléter. Au mois d’octobre 2007, nous avions publié notre plan de développement prévisionnel allant jusqu’en 2012. Ce plan, qui a été récemment révisé à la hausse en tenant compte des effets de la reprise d’Almac et de l’accord conclu avec Tsugami, a pour objectif la réalisation d’un chiffre d’affaires de l’ordre de 450 millions de francs au terme de 2012.

 

Les nouvelles machines Micro 7 à commande numérique sont destinées à remplacer progressivement les milliers de machines à cames Tornos MS-7 ou concurrentes que l’on trouve partout dans le monde. Que peut-on attendre de cette opération ambitieuse, que vous appelez plaisamment «match Micro 7 / MS-7»?

R. Stauffer :  Le but est effectivement de proposer des machines CNC pour remplacer progressivement le parc de décolleteuses à cames MS 7 ou concurrentes. On estime qu’il y a de par le monde plus de 10'000 machines MS 7 ou de catégorie équivalente.

Il est clair que la Micro 7 ne va pas remplacer l’ensemble de ces machines. En effet, pour la production de pièces simples en séries massives et répétitives, les machines à cames, le cas échéant révisées et même savamment «retrofitées» et comptées pour un franc symbolique dans l’inventaire, sont irremplaçables… du moins jusqu’au moment de leur mort clinique!

 

Quelle est à votre avis l’évolution prévisible de la place de production suisse, en particulier dans le domaine de la machine-outil, face à la concurrence internationale?

R. Stauffer :  Nous avons beaucoup d’atouts en Suisse. Si l’on met l’intelligence suisse au service de la production de biens d’investissement, nous pouvons proposer des produits à forte valeur ajoutée. Et dans ce domaine nous avons encore des cartes importantes à jouer au niveau mondial.

 

Quelles sont vos relations avec les instituts de recherche des hautes écoles?

R. Stauffer :  Nous collaborons avec des instituts qui concernent de près nos activités, donc pas forcément de la recherche fondamentale. Aujourd’hui les Ecoles d’ingénieurs HES constituent des partenaires intéressants  pour certains projets ciblés. Nous avons aussi quelques collaborations avec l’EPFZ.

>>  Aujourd’hui les Ecoles d’ingénieurs HES constituent des partenaires intéressants  pour certains projets ciblés.

Raymond Stauffer

 

Photographie : Guy Perrenoud
«La Boîte à Images», 2500 Bienne 3

 

Quel est votre avis sur l’évolution du cours des actions Tornos Holding cotées en bourse? Il semble que le titre subit d’incessantes et souvent importantes fluctuations à la hausse et à la baisse. Il est par exemple récemment passé au palmarès de la plus forte hausse du jour pour passer à celui de la plus forte baisse quelques jours après. N’y a-t-il pas risque de manipulation?

R. Stauffer :  Je ne crois pas. Mais comme il s’agit d’une relativement petite masse de capitalisation, il suffit donc de pas grand-chose, une annonce de notre marketing par exemple, pour animer l’évolution du titre, que ce soit à la hausse ou à la baisse.

 

Le SIAMS 2008 s’est tenu pratiquement dans votre arrière-cour. Je suppose que vous l’avez visité dans sa nouvelle présentation. Quelle est votre impression générale?

R. Stauffer :  Globalement mon impression est bonne. Pour reprendre une expression que j’ai entendue, «le SIAMS est sorti de l’époque du camping». Il est devenue au fil des temps un salon qui commence à s’affirmer non seulement aussi bien en Suisse romande qu’en suisse alémanique, mais également sur le plan européen. Il est définitivement sorti de son cadre régional.

 

On parle de salons et de marketing…, quel est à votre avis le rôle de la presse écrite spécialisée dans le contexte économique actuel?

R. Stauffer :  Je dirai qu’elle est essentiellement utile au titre d’instrument de veille technique, et aussi, en ce qui nous concerne, pour informer les donneurs d’ordres sur l’état des marchés et des nouveaux développements. De la sorte, aussi bien les spécialistes du développement que ceux de la production, peuvent de la sorte être tenus au courant de l’évolution des techniques qui les concernent plus particulièrement. 

 

1er cas
Lorsque le financement n’est pas au rendez-vous

2e cas
Lorsque la technique n’évolue pas

3e cas
Lorsque la technique et le financement sont au rendez-vous

Les trois fondateurs:
Petermann, Bechler et Mégel

Raymond Stauffer, un CEO du 21e siècle

>>  Le but est effectivement de proposer des machines CNC pour remplacer progressivement le parc de décolleteuses à cames MS 7 ou concurrentes.

Raymond Stauffer

Photographie : Guy Perrenoud
«La Boîte à Images», 2500 Bienne 3

Personnel :  53 ans, marié, 2 enfants.

Formation :  Ingénieur mécanicien ETS.

Cursus professionnel :  25 ans chez Ismeca (La Chaux-de-Fonds). Diverses activités: successivement ingénieur de bureau d’études, ingénieur technico-commercial, directeur technique… Bref, des responsabilités exercées à tous les niveaux.

Chez Tornos :  Au conseil d’administration dès juin 2002, directeur général dès octobre 2002.

1er cas
Lorsque le financement n’est pas au rendez-vous

2e cas
Lorsque la technique n’évolue pas

3e cas
Lorsque la technique et le financement sont au rendez-vous

Les trois fondateurs:
Petermann, Bechler et Mégel

Tornos en bref

Effectif total :  environ 900 collaborateurs, dont environ 700 à Moutier.

Siège et usine principale :  à Moutier.

Raymond Stauffer, directeur général de Tornos S.A.

Succursales en nom propre :  6 en Europe (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Espagne, Italie et Pologne, 3 aux USA (Ouest, Centre et Est des USA), 2 en Chine (Shanghai et Hong-Kong).

Représentations :  2 en Extrême-Orient (Thaïlande et Malaisie). L’accord conclu avec Tsugami assurera une pénétration optimale du marché japonais.

Chiffre d’affaires en 2007 :  CHF 287 millions.

Prévision 2008 :  CHF 320 millions.

Objectif 2012 :  CHF 450 millions.

Gammes de produits propres :  Tours automatiques monobroches CNC à poupée mobile avec capacités de barre jusqu’à 32 mm, tours automatiques multibroches à 6 ou 8 broches, ravitailleurs automatiques de barres. Désormais également des graveuses, fraiseuses et centres d’usinage CNC avec Almac S.A.

Segments de marchés :  automobile, aérospatiale, appareillage, horlogerie, lunetterie, microtechniques, équipement pneumatique et hydraulique, électronique, médical, etc.

Coordonnées :
Tornos S.A.
Rue Industrielle 111, 2740 Moutier
Tél. 032 494 44 44 – Fax 032 494 49 03
www.tornos.com  -  contact@tornos.com

Paru dans l'édition 8/2008 du MSM Mensuel de l'industrie

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